Sclérose en plaques et fuites urinaires : parlons en !

4370 Vues

La majorité des personnes atteintes de sclérose en plaques sont confrontées à des troubles urinaires. Cela entraîne des besoins fréquents, récurrents et incontrôlables de miction. La prévalence et l’incidence des complications urinaires chez les patients atteints de sclérose en plaques est considérablement élevée, d'où la nécessité d’une surveillance assidue de l’appareil urinaire.

Pour savoir comment prévenir ces troubles urinaires et les complications qui y sont liées, il faut en comprendre tout d'abord les mécanismes et les signaux précurseurs. 

 

Qu’est ce que la sclérose en plaques ?

La sclérose en plaques (SEP) est une maladie chronique du cerveau et de la moelle épinière. C’est une maladie auto-immune qui est caractérisée par la dégénérescence du système nerveux central. 

Habituellement, le cerveau transmet les différents messages au corps sous forme de flux nerveux à l’aide de neurones. Dans le cas de la SEP, le cheminement de l’influx est interrompu, l'information générée par le cerveau n’est plus transmise de façon adaptée au corps.

Elle se manifeste par des épisodes appelés “poussées”, ce sont  des symptômes apparaissant au cours de périodes de durée limitée.  

Comment la SEP engendre des troubles urinaires ?

Les troubles urinaires sont fréquents et sont présents tout au long de l’évolution de la Sclérose en plaques et se manifestent particulièrement par des envies fréquentes et impérieuses.

Dans environ 10%* des cas, ils sont considérés comme les premiers symptômes de la SEP. 

Ces troubles sont liés à l'interruption ou au ralentissement de la transmission des signaux venant du cerveau ou allant vers le cerveau. En temps normal, les signaux sont transmis aux muscles concernés. Le système nerveux central étant directement impliqué dans le cycle mictionnel, cette interruption peut entraîner une perturbation du fonctionnement de l’appareil urinaire.

De ce fait, 70 %** des patients ayant des troubles urinaires estiment que leur qualité de vie est altérée par leurs symptômes. Aujourd'hui il existe des moyens pour traiter et améliorer la qualité de vie des malades. 

Les types de troubles urinaires associés à la SEP :

Les symptômes dû à la Sclérose en plaques sont souvent responsables d’une altération de la fonction urinaire et par conséquent  la qualité de vie des personnes atteintes : impacts sur les interactions sociales, la vie de couple et le domaine professionnel

L’incontinence urinaire concerne 50 à 80 %* des personnes atteintes de sclérose en plaque, c’est un phénomène qui se traduit par des pertes incontrôlables et involontaires d’urines, et se produit de jour comme de nuit.

Avec la SEP on parle d’incontinence urinaire par fuite ou pas retenue d’urine car les signaux venant du cerveau vers la vessie et le sphincter urinaire sont altérés.

On distingue 3 types d’incontinence urinaires chez les patients atteints de Sclérose en plaques :

 

  • L’hyperactivité de la vessie : 

L'hyperactivité vésicale est syndrome clinique caractérisé par des contractions musculaires involontaires de la vessie qui créent une envie soudaine et irrépressible d’uriner chez certaines personnes.

Ce dysfonctionnement de la vessie survient à tout moment de la journée :

  • La dysurie : 

C’est un trouble mictionnel, qui se manifeste par des difficultés à uriner, autrement dit à vider la vessie.

Malgré un besoin d’uriner, la miction est lente à démarrer car la contraction de la vessie ne suffit pas à enclencher un débit urinaire suffisant. L’évacuation de l’urine se fait par poussées (nécessité de poussée abdominale ou de positionnement spécifique ) et on ressent parfois la sensation de ne pas avoir complètement vidé sa vessie.

La diminution du débit d’urine peut s’accompagner de douleurs .

  • La dyssynergie vésico-sphinctérienne :

C’est une faute de coordination entre la contraction de la vessie et le relâchement du sphincter ( le signal allant de la vessie au sphincter est erroné) .

La sclérose en plaque accentue ce phénomène d'incoordination. La rééducation par l’électrothérapie et l’éducation comportementale ont une place de choix dans ce type de pathologie. 

Quelques astuces pratiques pour limiter les troubles urinaires liés à la SEP :

photo fruits rouges
Photo by Zoe Schaeffer on Unsplash

- Il est important de bien s’hydrater pendant la journée.

- Éviter les aliments et les boissons avec des édulcorants artificiels (sodas allégés…) en effet ils peuvent irriter la vessie ou les intestins***.

- Privilégier les aliments riches en fibres, cela va aider au bon transit et lutter contre la constipation.

- Aller aux toilettes régulièrement, toutes les 2 à 3h .

- Faire de l’exercice, c’est toujours bon pour la santé . 

 

Sources :

https://www.merckgroup.com/fr-fr/neurologie/brochures-sclerose-en-plaques/troubles-urinaires-et-sep.pdf 

http://www.sclerose-en-plaques.apf.asso.fr/spip.php?article99 

 *Phé V, Chartier-Kastler E, Panicker JN. Management of neurogenic bladder in patients with multiple sclerosis. Nat Rev Urol. 2016 May;13(5):275–88

**Hemmett L, Holmes J, Barnes M, Russell N. What drives quality of life in multiple sclerosis? QJM Int J Med. 2004 Oct 1;97(10):671–6.  

***https://www.supportincontinence.org/fr/comment-vivre-avec-lincontinence/je-me-preoccupe-de-mon-alimentation/ 

Illustration : Photo by Ave Calvar on Unsplash